Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 22:33
VERS LE PHARE

Les nuits à présent sont pleines de vent et de saccage ; les arbres plongent et se courbent et leurs feuilles tourbillonnent pêle-mêle avant de tapisser la pelouse, de s’entasser dans les chéneaux, d’engorger les conduits et de joncher les sentiers détrempés. La mer aussi se soulève et se brise, et si quelque dormeur, imaginant trouver sur la plage, qui sait, une réponse à ses doutes, un compagnon de solitude, rejette ses draps et descend marcher seul sur le sable, aucune image d’apparence secourable et divinement empressée ne se présente aussitôt à lui pour restaurer l’ordre dans la nuit et amener le monde à refléter le champ de l’âme. La main s’amenuise dans sa main ; la nuit mugit à son oreille. Pour peu il semblerait inutile au milieu d’une telle confusion de poser à la nuit ces questions sur le quoi, le pourquoi et pour quelle raison, qui incitent le dormeur à déserter son lit pour chercher une réponse.

[Mr Ramsay, titubant le long d’un couloir, tendit les bras un matin sombre, mais, Mrs Ramsay étant morte assez soudainement le nuit précédente, il tendit les bras, ils restèrent vides.]

Virginia Woolf

Vers le phare (extrait)

VERS LE PHARE
VERS LE PHARE
Partager cet article
Repost0

commentaires